Grand Prix d'Emilie-Romagne : Piastri pour la passe de 4
Vainqueur des trois dernières courses du calendrier, Oscar Piastri peut cimenter sa place comme nouveau favori pour le titre de champion du monde ce week-end en Emilie-Romagne.
Revenu en très grande forme en deuxième partie de saison 2024, McLaren s'avançait comme l'un des épouvantails de ce nouvel exercice. Mais on n'imaginait peut-être pas que la prise de pouvoir d'Oscar Piastri interviendrait aussi tôt. Le jeune Australien (24 ans) est l'homme en forme du moment. Et quelle forme, avec quatre victoires en six courses, dont les trois dernières disputées !
Avant le Grand Prix d'Emilie-Romagne dimanche à Imola, Piastri est un solide leader du championnat (18 points d'avance sur Lando Norris, 32 sur Max Verstappen), et le premier favori net pour la couronne mondiale.
Pour sa troisième saison, le natif de Melbourne semble avoir passé un, voire des caps, au-delà même des performances. Pilote très régulier, Piastri devait encore se muer quand c'est nécessaire en tueur.pour faire la différence. C'est précisément ce qu'il a réalisé il y a deux semaines à Miami, où sa gestion pour se débarrasser de Max Verstappen avait tout du vieux briscard.
Piastri s'est montré patient, a attendu six tours, n'hésitant pas à lever le pied, juste ce qu'il faut pour maintenir ses pneus à la bonne température, avant de porter l'estocade par l'extérieur au bout de la première ligne droite. L'Australien s'est montré le plus malin, forçant Max Verstappen à défendre à l'excès sa position et à freiner trop tard. Là où le coéquipier de Piastri, Lando Norris, a dû multiplier les tentatives pendant quatre tours de bagarre pour se défaire du Néerlandais. Une mission réussie, mais au prix de sept secondes perdues sur son voisin de stands.
En osmose avec sa monoplace
Tout en sang-froid, méthodique, Oscar Piastri semble faire corps avec la MCL39, quand Norris y parvenait davantage avec la précédente mouture de la McLaren en 2024. "Nous avons connu un très bon début de saison" se félicitait l'Australien après son succès à Miami. "J’apprécie beaucoup les succès que nous avons obtenus en piste, mais ce qui est satisfaisant pour moi, c’est le travail que nous avons entrepris en coulisses pour y arriver. C’est différent de remporter un Grand Prix de justesse, ou grâce à des circonstances favorables, que de le remporter car notre voiture est incroyablement rapide et que j’ai le sentiment de très bien piloter."
En Floride, ce fut une démonstration avec le premier pilote non-McLaren, George Russell (Mercedes), relégué à 37 secondes, un gouffre, au drapeau à damier. La continuité d'une domination protéiforme ces dernières semaines. Il y eu la leçon du Bahrain, avec un premier hat-trick - pole position - meilleur tour en course - victoire, avec plus de 15 secondes d'avance sur la meute. Puis le tour de force de Djeddah en Arabie saoudite, où parti deuxième, il avait piégé Max Verstappen dès le départ sur une manœuvre que n'aurait pas renié le quadruple champion du monde en titre, poussé jusqu'en dehors de la piste avec autorité puis pénalisé pour avoir court-circuité un virage afin de garder la tête. Et donc Miami, avec un contrôle remarquable.
Sans faire de bruit, ce n'est pas du tout dans les habitudes du garçon, Oscar Piastri ne fait plus le moindre complexe avec les autres cadors du plateau au moment de s'imposer aux commandes. "Je m’attends à ce que la concurrence se rapproche par rapport à Miami" assurait-il pourtant, prudent. "Et en qualifications là-bas, nous avons vu que nos adversaires pouvaient être sur nos talons, voire même devant nous. Nous devons faire en sorte de maximiser tout ce que nous pouvons, car si nous effectuons une petite erreur, on peut se faire doubler."
Sur la route d'un record à hauteur d'Ayrton Senna
L'Australien a fait des progrès indéniables dans ce but, lui dont on vantait le talent reconnu de tous et depuis plusieurs années mais qui peinait encore à maintenir un rythme élevé sur tout un relais complet, notamment au fil de la dégradation de ses pneumatiques. "Quand on voit la façon dont Oscar maîtrise et gère la dégradation des pneus en ce moment, il est impossible que cette amélioration vienne simplement de la voiture" a analysé Andrea Stella, Team Principal de McLaren. "La seule façon d'exploiter les améliorations que nous avons apportées à la voiture est que le pilote comprenne ce qu'il doit faire avec les pneus et avec la voiture."
A Imola dimanche, un circuit qui réussit bien aux Papayes depuis 2022, Oscar Piastri pourrait égaler la légende Ayrton Senna, seul pilote de l'histoire de l'écurie McLaren à avoir gagné quatre Grands Prix consécutifs, la dernière fois en 1991. Avec trois succès de rang, il a déjà rejoint un cercle fermé sur le plateau actuel de la F1 : Max Verstappen, Lewis Hamilton, et Fernando Alonso, soit les trois champions du monde en activité sur la grille.
"Nous avons le potentiel pour faire une très bonne année, mais le titre, cela ne m’inquiète pas trop pour le moment" clamait Oscar Piastri en conférence de presse après le Grand Prix de Miami. "J’essaie juste de gagner plus de courses." La philosophie porte ses fruits. Et la récolte pourrait être riche avec trois courses en trois semaines, en Emilie-Romagne, à Monaco (où il avait conquis son premier podium de 2024), et à Barcelone.