Football : Samuel Umtiti sensibilise sur la santé mentale
Dans un entretien accordé à L’Equipe, le champion du monde 2018 raconte sa dépression après le sacre en Russie et l’importance de mieux encadrer le bien-être psychologique des joueurs.
2018 restera pour Samuel Umtiti comme l’apogée de sa carrière mais aussi le début de la fin. Tel Icare qui s’est brûlé les ailes pour s’être trop approché du soleil, le défenseur français a sacrifié son corps pour décrocher la deuxième étoile de l’équipe de France, serrant les dents malgré un genou en vrac et qui ne se remettrait jamais des efforts consentis.
Si son physique l’a lâché, le héros de la demi-finale contre la Belgique dont la tête au premier poteau sur corner hante encore les cauchemars des Diables Rouges (1-0) a aussi sombré sur le plan psychologique. Les mois ayant suivi le sacre des Bleus en Russie, il a connu une dépression dont il s’est ouvert dans un documentaire "Têtes plongeantes, faire équipe pour la santé mentale", qui sera diffusé ce mardi 2 décembre sur le site de L’Equipe. "Je pense qu’il est essentiel de pouvoir parler de ce thème-là qui est à mes yeux très important. Je l’ai vécu, ça fait du mal. Je pense qu’on peut aider avec notre notoriété et c’est pour ça que j’ai fait ce documentaire", a-t-il expliqué au quotidien sportif français avant de poursuivre : "La santé mentale est un sujet très important, qui est assez tabou dans le milieu du foot."
"C’était logique de ne pas en parler"
Un sujet tabou qui l’a poussé à garder le silence sur ses tourments intérieurs quand il était encore en activité. "Quand on est joueur, je pense que c’est un sujet qui est très tabou. Et je me suis dit : "Non Sam, tu es un homme fort, tu as vécu des situations compliquées mais tu vas te relever comme tu as toujours essayé de le faire." Donc pour moi, c’était logique de ne pas en parler. Mais au final, je me suis fait du mal en restant silencieux", a témoigné l’ancien défenseur, retraité depuis septembre, qui a néanmoins laissé le voile sur les évènements qui l’ont conduit dans l’abîme. "C’est très personnel (…) Je pense que pas mal de choses ont été mal faites (…) Quand j’en aurai envie, je pense que j’expliquerai un peu à tout le monde ce que j’ai vécu et pourquoi tout ça est arrivé", a-t-il dit en préservant le mystère, consentant seulement à reconnaître qu’une des causes a été la gestion de sa blessure au genou et ses conséquences.
S’il prend la parole dans ce documentaire, c’est pour ouvrir une voie et permettre aux joueurs et notamment les jeunes de ne pas avoir peur de s’exprimer s’ils connaissent un épisode dépressif plus ou moins aigu. "Quand on reste seul et qu’on n’en parle à personne, je pense qu’on a du mal, vraiment, à mettre les mots dessus (…) La chose principale était de faire comprendre aux jeunes : "Allez, parlez" Vous pouvez le faire et vous n’allez pas passer pour une personne folle, une personne qui est différente. Tout le monde passe par là", professe-t-il.
Désormais en paix avec lui-même, "je pense que j’ai réussi à m’en débarrasser", a-t-il dit à L’Equipe, Samuel Umtiti entame un nouveau défi, celui de faire reconnaître l’importance de prendre soin de la santé mentale des joueurs. Un thème sur lequel le rejoindra certainement Jude Bellingham auteur récemment d'une tribune sur le sujet ou Ronald Araujo, le défenseur uruguayen ayant demandé au FC Barcelone et obtenu un congé illimité pour apaiser ses angoisses.









