Qui va gagner l’Open d’Australie 2018 ?
Ca y est, c’est reparti ! L’année 2018 vient à peine de commencer et voila déjà le premier Grand Chelem. Alors, comme toujours et bien évidemment, l’heure en est aux paris et aux questionnements.
Un an après une édition 2017 qui restera gravée dans les mémoires comme l’une des plus abouties de la décennie (voire même bien au-delà pour les fans de Federer), l’Open d’Australie va remettre en jeu son (officieux) titre de « meilleur Grand Chelem » de l’année. Mais qui va gagner ? La question est classique mais mérite peut-être plus que jamais d’être posée au vu des états de forme plus ou moins inquiétants d’un grand nombre d’habitués du premier grand rendez-vous tennistique de l’année.
Rafael NADAL, n°1 mondial – Vainqueur en 2009 et finaliste en 2017
Avec l’animal Nadal, on a l’impression de revivre inexorablement le même scénario. Après les blessures et le doute, le taureau majorquin retrouve son meilleur niveau, marche sur la plupart de ses adversaires en remportant un ou deux Majeurs au passage, avant de… repasser par la case infirmerie ! De ce point de vue, la transition 2017-18 a pris la même tournure que 2010-11 ou 2013-14 pour le champion des Baléares. Souffrant du genou depuis Bercy, le décuple vainqueur de Roland-Garros, finaliste émérite à Melbourne l’année passée, ne devrait pas débarquer au pays des kangourous à 100% de ses capacités. De là à l’écarter totalement de la liste des favoris, il y a un pas que l’on ne franchira pas !
Roger FEDERER, n°2 mondial – Vainqueur en 2004, 2006, 2007, 2010 et 2017
Un an après avoir signé un sublime come-back victorieux que peu de gens avaient osé imaginer, le Maestro suisse va remettre son titre en jeu avec l’étiquette de « super favori » qu’on ne lui avait plus attribuée depuis un certain temps en terre aussie. Triomphal l’année passée après avoir sorti Berdych, Nishikori, Wawrinka et Nadal, son pire ennemi, RF disposera en outre d’un statut de tête de série n°2 qui devrait lui assurer une première semaine en mode « easy ». Vainqueur de la Hopman Cup la semaine dernière pour son retour aux affaires, tous les voyants semblent a priori au vert pour le vétéran bâlois. Ceci étant, à 36 ans, voir Fed l’emporter relèverait encore une fois de l’exploit.
Grigor DIMITROV, n°3 mondial – Demi-finaliste en 2017
Demi-finaliste à la Vercingétorix l’an dernier, battu mais héroïque, Dimitrov a enfin réussi en 2017 le saut de qualité que d’aucuns attendaient de lui depuis une bonne paire d’années. Vainqueur de quatre titres dont son premier Masters 1000 (Cincinnati) et surtout son premier Majeur (Masters Cup) en fin d’année, l’ex-espoir bulgare fait désormais figure de nouvel épouvantail du circuit. Mais comment va-t-il gérer ce nouveau statut ? 2018 sera-t-elle la saison de la confirmation ou, au contraire, celle d’une nouvelle désillusion pour « Baby Fed » ? S’il n’a pas trop fêté sa belle fin d’année, on peut espérer le voir s’imposer en GC. A contrario, s’il retombe dans la facilité, 2017 demeurera hélas une parenthèse isolée.
Alexander ZVEREV, n°4 mondial – 16e de finaliste en 2017
Battu après quatre heures de combat face à Rafa sur la Rod Laver Arena en 2017, il a ensuite prouvé qu’il faudrait assurément compter sur lui ces prochaines années. Devenu en mai dernier le premier joueur né dans les années 1990 à remporter un Masters 1000, il a ensuite alterné le bon (Washington, Montréal) et le moins bon (défaites prématurées à Roland-Garros, à l’US Open et au Masters). Encore perfectible, Zverev présente pourtant déjà un superbe tableau de chasse, agrémenté de belles victoires contre Wawrinka, Cilic, Raonic, Nishikori, Djokovic et Federer. Reste le plus dur : franchir le palier mental qui lui ouvrira les portes des derniers tours pour espérer gagner un GC.
Dominic THIEM, n°5 mondial – 8e de finaliste en 2017
Autant vous le dire, en dépit de son statut de Top 5, on n'y croit pas trop. Après avoir explosé en 2016 en allant chercher quatre titres et une place dans le Top 10, Thiem a un peu calé en 2017. Malgré une belle victoire obtenue à Roland-Garros face à un Djokovic convalescent, le jeune Autrichien a semblé plafonner. Néanmoins, comment ne pas mettre parmi les outsiders un joueur qui a déjà battu au moins une fois chacun des membres du BIG 4 ? Alors que son dernier titre remonte désormais à près d’un an (février 2017), on attend un sursaut de la part d’un joueur qui semble avoir un peu la tête ailleurs depuis le début de son idylle avec la Française Kristina Mladenovic…
David GOFFIN, n°6 mondial – Quart de finaliste en 2017
Il a fini la saison en boulet de canon ! Quart de finaliste du précédent Open d’Australie, David Goffin avait bien démarré l’année avant de se blesser bêtement à Roland. Un mal pour un bien car cette coupure en plein milieu de saison lui a ensuite permis de revenir plus frais et plus motivé que jamais. Auteur de nombreux progrès, en particulier lorsqu’il est sous pression au service, le Liégeois a bouclé 2017 en terrassant Nadal et Federer au Masters de Londres, avant de littéralement éparpiller en miettes Pouille et Tsonga lors de la finale de la Coupe Davis. En somme, s’il continue sur sa lancée, le Wallon devrait poser de (très) sérieux problèmes à la plupart des cadors auxquels il sera opposé.
Stan WAWRINKA, n°9 mondial – Vainqueur en 2014 et demi-finaliste en 2017
A l’instar de Thiem, les chances de succès du bison vaudois à l’occasion du prochain Grand Chelem australien paraissent moindres. Forfait depuis l’été dernier, le natif de Lausanne n’aura a priori pas encore récupéré l’intégralité de ses moyens d’ici une semaine. Ceci étant, difficile d’écarter totalement de la liste des gros clients le flamboyant vainqueur de 2014, encore passé à deux doigts de disputer une deuxième finale à Melbourne en 2017 après avoir bataillé pendant plus de trois heures face à son pote Rodgeur en demie… De surcroît, Stanislas Wawrinka est un spécialiste des grosses surprises et c’est très souvent quand on l’attend le moins qu’il est le plus fort, alors pourquoi pas ?
Juan-Martin DEL POTRO, n°12 mondial – Quart de finaliste en 2009 et 2012
Trois ans ! Non, vous ne rêvez pas, cela fait bel et bien trois ans que le géant de la pampa n’a plus posé ses valises et trimbaler sa grande carcasse sur les courts du côté de Melbourne. Handicapé par des blessures à répétition au poignet, on a même un temps cru qu’on ne reverrait jamais l’Argentin sur un terrain. Et pourtant, le revoilà ! Revenu aux affaires pour la énième fois au milieu de la saison dernière, le vice-champion olympique a signé une très bonne fin d’année en battant notamment Federer à l’US Open avant de rater d’un rien le dernier strapontin pour le Masters. Capable de battre n’importe qui, avec lui l’inconnue est toujours là même : sera-t-il capable d’être à 100% du début à la fin ?
Novak DJOKOVIC, n°14 mondial – Vainqueur en 2008, 2011, 2012, 2013, 2015 et 2016
Et si le Djoker nous préparait le bluff du siècle ? Lui aussi contraint à l’arrêt depuis l’été dernier pour soigner une inflammation chronique du coude (tennis-elbow), le recordman de victoires en terres australes a privilégié le repos plutôt que l’opération pour se refaire une santé. Mais alors qu’il devait faire sa rentrée à Doha début janvier, l’ancien despote du circuit ATP a encore décalé son retour, arguant que son coude le gênait toujours… Finalement revenu aux affaires lors de l’exhibition de Kooyong, le Serbe a d’emblée collé une convaincante fessée (6-1 6-4) à Dominic Thiem. Alors n’en tirons pas de conclusions hâtives, mais un succès de Djoko le 28 janvier serait tout sauf une surprise.
Nick KYRGIOS, n°17 mondial – Quart de finaliste en 2015
« C’est en faisant n’importe quoi, qu’on peut battre n’importe qui ! » Telle pourrait être la devise de Remi Gaillard revisitée à la sauce Kyrgios. Parfois totalement ingérable, celui qui fait partie du club des bad-boys de l’ATP avec Benoît Paire et Fabio Fognini peut néanmoins s’enorgueillir d’une quinzaine de succès glanés face au Top 10. Vainqueur de son tournoi de reprise la semaine passée à Brisbane après avoir écarté Dimitrov sur son passage, le lascar australien, qui a déjà battu Federer (une fois), Nadal (deux fois) et Djokovic (deux fois), aura en outre l’avantage d’être porté par son public en cas de pépin. De là à le voir passer sept tours pour gagner son premier GC, il y a de la marge ! Mais sait-on jamais ?
Quid des autres ?
Avec les forfaits de Nishikori et Murray, le retour de Raonic en pointillés ou encore la méforme de Marin Cilic, on peine à distinguer qui pourrait vraiment s’inviter à la grande bataille de la rentrée en dehors des dix prétendants précédemment évoqués. Pourquoi pas Jack Sock, Andrey Rublev, Hyeon Chung, Denis Shapovalov ou encore Lucas Pouille ? Ce dernier bénéficiera-t-il d’ailleurs d’un effet Coupe Davis à l’instar de Djoko, Delpo ou Murray par le passé ? Avec un bon tableau, on pourrait en effet espérer voir le Nordiste se hisser au moins jusqu’en quart de finale. Quant à le voir un jour succéder à Jean Borotra (seul Français à avoir gagné à Melbourne en 1928), on peut toujours rêver.
Lionel Ladenburger (@LionelLaden)
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